" Marianne gît sur la terre dans une mare de sang séchée, les yeux figés, écarquillés comme deux papillons crucifiés. Thomas s'agenouille près d'elle, saisit l'une de ses mains glacées que la mort a rendues diaphanes, et dépose en pensée un baiser sur ses lèvres de marbre, cristallisées en un ultime appel.
Marianne s'est éteinte dans ce moulin délabré en se fondant aux premières lueurs de l'aube, et Thomas cherche, dans les rayons du soleil qui percent le toit, une trace de ce halo qui éclairait son visage.
La lumière du jour l'éblouit dans un frémissement douloureux, jailli d'un recoin secret de son cœur : Marianne est morte et il ne reste d'elle que cette écorce humaine écorchée. Pour aveugler la souffrance, il sent qu'il lui faudra draper de nuit ses souvenirs d'elle, déjà brûlants comme des étincelles ; draper l'oubli ces poussières éclatantes d'étoiles éclatées.
Thomas glisse lentement ses doigts sur chacune des blessures de ce corps profané, comme pour en expurger les derniers tourments, et dans une prière, ferme les yeux, afin de clore à jamais les paupières de Marianne."
« Marianne est paralysée par la peur. Tandis que Serge fonce à contresens sur la nationale à deux fois deux voies qu’il a regagnée, Jack promène la lame de son cran d’arrêt sur son visage et sur sa gorge. A chaque coup de frein la pointe du couteau meurtrit sa peau. La vue du sang fluide qui coule des entailles les plus profondes semble fasciner Jack qui a cessé de rire. »